Libres regards sur Summerhill

Summerhill et son fondateur, A. S. Neill, ont été, au cours des quinze dernières années, au centre du débat pédagogique. Les pratiques éducatives prônées dans la célèbre école: self-government, cours facultatifs, liberté sexuelle pour l'enfant, ont suscité l'enthousiasme des uns, la réprobation des autres. Singulièrement, entre ces prises de position extrêmes et passionnelles, peu de travaux ont été conduits pour analyser plus objectivement cette «aventure» pédagogique et en dégager les fondements. Qui est Neill? Quelle est sa philosophie éducative et à quelles sources s'est-elle forgée? Quelle valeur accorder à ses principes pédagogiques et quel fut leur destin dans la réalité? Aux yeux de son fondateur, Summerhill devait annoncer la transformation de l'école et de la civilisation. Quel en est, aujourd'hui, l'héritage? C'est à de telles questions que s'attache à répondre le livre de Jean-François Saffange. Alexander Neill s'y révèle comme un participant, vite contestataire, du mouvement international pour l'Education nouvelle. Il s'y révèle aussi comme un «inconditionnel» de l'enfance dont il sut être extraordinairement proche, peu apte pourtant à en mesurer les véritables besoins, parce que trop enclin, en définitive, à en construire une théorie de rêve. Toutefois, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, il aura, sa vie durant, réhabilité «l'Educateur». Summerhill ne préfigure en rien «l'école salvatrice de l'enfance». Pourtant, dans l'histoire de l'éducation contemporaine, elle constitue un passage obligé pour toute réflexion sur le futur.