Jules Roy was a French writer whose work drew inspiration from his experiences as an Algerian settler and his service in the Royal Air Force during World War II. A deeply religious man, Roy often explored themes of colonialism and war in his writing. He was known for his outspoken criticism of French colonial policies and the conflicts that arose from them. His prose offers profound reflections on the human condition and moral complexities.
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Un jour, le barbare s'avoua vaincu. Au fil de ses confessions, Jules Roy avait jusqu'à présent campé un personnage possessif, volontiers bourru et même un rien macho. Ses lecteurs n'en devinaient pas moins les failles sous le masque de la pudeur et de l'orgueil.Au soir de sa vie, Jules Roy accepte enfin de publier les lettres adressées, au lendemain de la guerre, à la femme qui lui avait d'abord préféré Albert Camus, puis un étranger. Terrible blessure et superbe cri d'amour adressé à l'infidèle. Mais Jules Roy peut-il en vouloir à celle qui l'a quitté, puisque lui-même reconnaît à son premier rival un statut particulier, une prééminence intellectuelle et littéraire ? Comment reprocher à l'inconstante d'avoir succombé au charme devant lequel il a lui-même plié ?C'en est trop. Julius rend les armes. Jamais il ne s'était montré si fragile. Jamais il n'avait été si attendrissant.
"Ai-je mené une vie dissolue ? A l'âge où l'on s'accuse et se repent non par vertu mais parce que la fatigue a eu raison de vous, il est facile de se poser la question. Pour moi, ce fut par moments, encore que, dans ces nouveaux Mémoires , presque un roman, il n'y ait rien de comparable sur ce point entre les hommes d'aujourd'hui, dont je suis encore, et ceux d'autrefois.Les femmes m'auront toujours intrigué, subjugué. De celles que j'ai courtisées, je me souviens comme de splendeurs. Combien en ai-je croisées avec l'envie soudaine de me jeter à leurs pieds et de les adorer, comme on adore Dieu dans le secret, sans même oser le prier ? Ne devrais-je pas me méfier du suspect qui est en moi, du barbare si prompt à se laisser envahir et dominer, si prompt aussi à rejeter dès qu'on le lasse ?Un barbare se devrait d'être fidèle, je ne l'ai été que rarement, tant que mes passions duraient. Ai-je aimé sans passion ? Plaignons ceux qui n'ont jamais là ou ailleurs connu la soudaine et divine brûlure, plaignons celles qui n'ont jamais eu d'amant."
" Drôle d'idée à mon âge d'aller fleurir la tombe de ma mère à Sidi-Moussa, au sud d'Alger. Ma mère n'a plus peur des Arabes et je n'ai personne à ménager. Comme pas mal d'autres, j'ai lutté pour que cette terre qui ne nous appartenait pas soit rendue à ceux qui l'habitaient autrefois.Entre la France et l'Algérie existe un sentiment trouble et violent, vaguement coupable. Aux Algériens, nous avons apporté l'Occident et quelque chose de plus. Résultat : ils s'égorgent entre eux. Pas tous. À présent nous avons les mêmes ennemis.J'espérais retourner à Rovigo où j'ai été baptisé en 1907. C'est trop dangereux. À L'Arba aussi. Partout les ponts sont coupés, partout on peut vous tuer. La ferme où j'ai vécu enfant n'existe plus, le cimetière est le seul endroit de la plaine où l'on peut rencontrer des Français.Sur la tombe de ma mère, j'ai dit à mon compagnon, un pied-noir, ancien activiste, et aux Arabes qui nous protégeaient : "Allez, ouste, on s'en va."Si j'avais seulement pu verser une larme. Une seule."