Evelyne Grossman, a professor of literary theory at Université Paris Diderot, specializes in the intersections of literature, philosophy, and psychoanalysis. Her work delves into the relationship between the body and text, exploring themes of melancholy and the anguish of thought. Grossman's approach is characterized by a profound integration of literary criticism with philosophical and psychoanalytic concepts. She examines authors whose works are marked by physicality and intense psychological states, illuminating their unique artistic contributions.
Anxiety is the obligatory gateway into writing: one s confrontation with powerlessness and anguish when faced with the task of thinking. This is not the familiar anxiety of our most intimate fears, however violent they might be. Yet by exploring these same pathways twentieth-century thinkers such as Artaud, Blanchot, Derrida, Beckett, and Levina
«Là où d'autres proposent des œuvres je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit. La vie est de brûler des questions», écrit en 1925 Antonin Artaud dans L'Ombilic des Limbes. Une dizaine d'années plus tard, son Théâtre de la Cruauté révolutionne la conception occidentale du théâtre : la littérature est un acte, martèle-t-il, la mise en jeu de forces, l'inverse d'une consommation à distance. Lui, que les psychiatres qualifieront de schizophrène, luttera inlassablement contre la rupture entre les choses et les signes, entre l'art et la vie. Évelyne Grossman retrace ici la trajectoire d'Artaud depuis ses premiers poèmes surréalistes jusqu'aux textes fulgurants de la fin : ses expériences cinématographiques et théâtrales, ses voyages vers les anciens mythes du Mexique ou d'Irlande, les neuf années d'internement psychiatrique, sa furie d'écriture et de dessins jusqu'à sa mort en 1948. Au-delà de la légende du poète maudit, se dessine le corps-œuvre d'Artaud, cette «matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie».