La politique de Kant

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L'interprétation actuelle de Kant face à la Révolution française présente un dilemme : soit Kant est perçu comme un libéral, soit comme un révolutionnaire dissimulé. L'ouvrage de Christian Ferrié, fondé sur une connaissance approfondie des écrits inédits, dépasse cette dichotomie. Bien que Kant soit un fervent admirateur de la Révolution, il rejette le droit de rébellion et la méthode révolutionnaire. Sa pensée politique oscille entre l'adhésion au projet républicain de la Révolution et des principes réformistes perturbés par cet événement. Comment concilier réforme et révolution sans contradiction ? L'ouvrage explore cette question, abordant les complexités d'une position intermédiaire. Kant semble naviguer entre une réflexion historique qui valide les révolutions et une doctrine normative qui privilégie la réforme. L'ambivalence de sa position s'éclaire lorsqu'elle est replacée dans le contexte des débats de son époque en Allemagne. Il défend la Révolution française contre un réformisme anti-révolutionnaire, prônant un réformisme révolutionnaire qui, tout en favorisant la réforme, reconnaît la nécessité du moment révolutionnaire. Ainsi, la révolution devient la condition des réformes qui en découlent, et Kant élabore un espace dynamique entre réforme et révolution, articulant ces deux dimensions au sein d'une politique de l'émancipation.